Supabase vs Xano : quel backend no-code choisir pour passer à l’échelle ?
I- Introduction
Imaginez pouvoir lancer votre application sans plonger dans la complexité technique. Le no-code et le low-code offrent aujourd’hui un éventail d’architectures plus ou moins modulaires, qui peuvent faire toute la différence pour la scalabilité de votre projet.
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Option n°1: s’appuyer sur un outil “full-stack” où tout est centralisé — front-end, logique métier et base de données — à l’image de Bubble.
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Option n°2 : séparer le front-end et le back-end, pour plus de flexibilité tout en conservant une structure relativement simple.
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Option n°3 : découper chaque couche (front-end, back-end et base de données) en trois outils distincts, afin d’optimiser chaque brique de votre projet.
Dans cet article, nous allons nous concentrer sur la deuxième option, celle qui consiste à utiliser un back-end indépendant du front-end. Vous découvrirez comment deux acteurs majeurs du marché — Supabase et Xano — se comparent, et comment choisir le back-end no-code/low-code idéal pour faire évoluer votre application. Alors, prêt à découvrir lequel saura propulser votre projet vers la réussite ? Suivez le guide !
II - Backend as a Service
Le Backend as a Service (BaaS) représente une avancée majeure dans le monde du no-code et du low-code. Plutôt que de consacrer des ressources à la gestion de serveurs, d’infrastructures et de bases de données complexes, un BaaS vous permet de vous concentrer sur l’essentiel : la conception de l’expérience utilisateur et la logique métier.
Supabase et Xano s’inscrivent parfaitement dans cette approche, en proposant des fonctionnalités clés :
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Gestion et hébergement de la base de données
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Authentification et gestion des utilisateurs
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Création et déploiement d’API
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Intégration de la logique métier avec peu ou pas de code
En d’autres termes, ces deux solutions couvrent toutes les briques techniques nécessaires au bon fonctionnement d’une application, sans avoir à se soucier de la complexité des serveurs et de l’infrastructure. C’est ce qui les rend si attractives pour les projets no-code/low-code qui visent à évoluer rapidement et à grande échelle.
III - Aperçu et différences entre les deux solutions
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il est important de comprendre l’angle adopté par Xano et celui par Supabase, qui se distinguent sur plusieurs aspects.
D’un côté, Xano mise sur une logique par endpoints : vous définissez explicitement chaque endpoint pour vos données et règles métier.
Cette approche offre un contrôle précis sur ce que vous exposez, mais nécessite de configurer chaque endpoint avant de pouvoir l’exploiter.
De l’autre, Supabase fonctionne avec une logique de tables accessible directement via une API générée automatiquement, ce qui simplifie l’accès aux données, notamment lorsqu’on souhaite rapidement mettre en place des fonctionnalités CRUD (Create, Read, Update, Delete).
Autre différence majeure : Supabase est open source.
Ce qui signifie que vous pouvez choisir votre propre solution d’hébergement, l’auto-héberger si nécessaire, et profiter de la communauté open source pour contribuer ou intégrer de nouvelles fonctionnalités.
Xano, au contraire, reste une plateforme propriétaire, vous confinant à son environnement d’hébergement.
Enfin, la mise en place de la logique métier diverge également. Supabase propose des Edge Functions en TypeScript, que vous déployez côté serveur pour exécuter votre logique.
Xano, pour sa part, met en avant des Custom Functions intégrées à sa plateforme no-code. Bien que puissantes, leur interface reste parfois moins directe qu’une approche code-first, surtout pour ceux habitués à un environnement de développement plus classique.
Cette différence de philosophie et de configuration se reflète tout au long de l’expérience utilisateur. Voyons maintenant comment se déroule concrètement la prise en main de chacune de ces solutions.
IV - Prise en main
Maintenant, passons à la prise en main des outils.
a) Interface et expérience utilisateur
Lorsque j’ai décidé de tester Supabase et Xano, je me suis lancé en suivant des vidéos de l’Academy WeWeb pour disposer d’un fil conducteur solide.
Sur Supabase, la prise en main a été quasi immédiate : j’ai pu créer mes tables et mes colonnes comme si j’étais sur un tableur type Google Sheets. L’interface est simple et je me suis rapidement senti à l’aise.
En revanche, lorsqu’il a fallu apprivoiser Xano, j’ai un peu tâtonné. Après avoir créé une table, je ne comprenais pas pourquoi mes données n’étaient pas directement accessibles ; j’ai alors découvert qu’il fallait configurer des endpoints pour pouvoir les exploiter.
Au final, il m’a fallu quelques heures, étalées sur plusieurs jours, pour bien me familiariser avec les deux plateformes.
Deux critères ont surtout guidé mon verdict : la facilité de prise en main et l’ergonomie globale. Sur ces deux points, Supabase sort gagnant, grâce à une interface plus intuitive pour un premier contact et des concepts plus accessibles pour les débutants en no-code/low-code.
b) Configuration initiale
Lorsque j’ai créé mon premier projet avec Supabase, tout s’est fait en quelques clics :
un nouveau projet, une région, et hop, le service me fournit une base de données Postgres, un module d’authentification, un module de stockage, etc.
J’étais surpris par la rapidité avec laquelle on se retrouve avec un environnement prêt à l’emploi, sans avoir à se plonger dans une multitude de réglages.
Xano, de son côté, propose un onboarding étape par étape, plutôt clair. Là où j’ai un peu buté, c’est sur la création de mes endpoints.
Même si Xano propose un ‘API Generator’ permettant de générer rapidement les endpoints CRUD (GET, POST, PATCH, DELETE) pour une table donnée, on doit appliquer cet outil pour chaque table, une par une.
J’ai donc eu la désagréable impression de répéter une même tâche plusieurs fois, même si cette étape oblige à bien définir les endpoints qu’on souhaite vraiment exposer.
Au final, même si j’ai pu obtenir un projet fonctionnel assez vite dans les deux cas, leurs philosophies divergent : Supabase te met immédiatement le pied à l’étrier avec une config “clé en main”, tandis que Xano te force à être plus explicite sur la structure de ton API. En fonction de ton niveau d’exigence (ou de patience), tu préféreras l’un ou l’autre.
c) Support, documentation et communauté
Pour une prise en main réussie, rien ne vaut une bonne documentation et une communauté réactive.
Et pour le coup, des deux côtés la communauté est extrèment active.
V - Construire et gérer sa base de données
a) La création de la base de données
La conception de la base de données mériterait un article à part entière tant le sujet est vaste et essentiel. Pour vous donner un aperçu, voici comment Supabase et Xano abordent cette étape clé :
Supabase :
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Création manuelle
: vous pouvez ajouter vos tables et colonnes via l’interface graphique, un peu comme dans un tableur.
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SQL Editor
: pour les plus à l’aise avec le SQL, un éditeur intégré vous permet d’écrire vos scripts. Pas de panique si vous ne maîtrisez pas ce langage : des outils comme ChatGPT ou Claude peuvent vous aider à générer des requêtes simples.
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Database.build
: cette solution plus récente s’appuie sur une IA pour suggérer et créer vos schémas de données. De quoi gagner du temps tout en expérimentant de nouvelles façons de concevoir votre base.
Xano :
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Création manuelle
: comme pour Supabase, vous pouvez définir vos tables et champs via l’interface.
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API Generator
: cette fonctionnalité offre une alternative puissante pour générer des endpoints et leur structure de données, à condition d’avoir quelques bases en code.
Avec ces deux plateformes, vous avez donc le choix entre une approche purement visuelle, plus accessible, ou un mode plus technique qui demande un petit bagage en développement. Dans tous les cas, l’important reste de bien penser votre schéma de données en amont, pour éviter de multiplier les modifications une fois votre projet lancé.
L’authentification
Pour sécuriser votre application, Supabase et Xano proposent chacun un système d’authentification intégré très facile à configurer via leur tableau de bord respectif. Vous y retrouverez les fonctionnalités essentielles, de l’inscription à la réinitialisation de mot de passe, en passant par l’authentification via des comptes tiers.
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Supabase
se distingue par sa gestion native du SSO (connexion sociale Google, GitHub, etc.), simplifiant la mise en place d’une authentification moderne.
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Xano
, de son côté, met aussi à disposition des mécanismes solides et flexibles pour personnaliser la gestion des utilisateurs et des accès.
Dans la plupart des cas d’usage, ces solutions couvrent largement les besoins courants en matière de sécurisation et de gestion des profils utilisateurs.
Concevoir et implémenter sa logique métier
Lorsqu’il s’agit de mettre en place des règles métiers plus avancées — validations complexes, envoi d’emails automatiques, synchronisations externes, etc. — Supabase et Xano offrent chacun une approche spécifique :
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Xano et ses Custom Functions
Les Custom Functions de Xano se programment au sein même de l’interface. Bien que Xano soit initialement pensé pour les non-développeurs, cet aspect requiert tout de même un temps d’adaptation pour comprendre la logique d’enchaînement des blocs et maîtriser la création d’endpoints. Il vous faudra apprendre à manipuler les données et les conditions sans forcément écrire du code pur, mais la démarche peut paraître moins intuitive au départ. Une fois le déclic passé, vous pourrez toutefois réutiliser et mutualiser ces fonctions pour différents projets.
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Supabase et ses Edge Functions
Les Edge Functions sont des fonctions serverless écrites en TypeScript. Pour un développeur no-code/low-code peu familier avec la programmation, la courbe d’apprentissage sera plus élevée au début. Cependant, vous bénéficiez d’une logique standard (TypeScript/JavaScript) et de la possibilité de vous appuyer sur la vaste communauté JS, ainsi que sur des outils comme ChatGPT pour générer du code.
Combien de temps pour s’y adapter ?
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Xano
: Comptez quelques heures pour vous familiariser avec l’interface dédiée aux Custom Functions, surtout si vous n’avez jamais géré d’API ou de logique server-side.
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Supabase
: Attendez-vous à un démarrage plus technique pour la manipulation de TypeScript, mais vous pourrez vous appuyer sur des tonnes de ressources existantes.
Quid de la maintenabilité à long terme ?
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Xano
: Les projets comportant beaucoup de Custom Functions peuvent devenir complexes à gérer si vous ne documentez pas correctement chaque étape. Toutefois, l’approche visuelle facilite la prise en main pour un nouveau collaborateur, du moment que les processus sont bien nommés et structurés.
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Supabase
: Avec du code TypeScript, la maintenabilité dépendra de la qualité de votre organisation et de vos commentaires. Une fois la logique clairement séparée en différentes fonctions et dossiers, un développeur no-code/low-code pourra petit à petit s’y retrouver, surtout s’il reçoit un minimum de formation.
En somme, chaque plateforme exige un petit effort pour maîtriser ses fonctions avancées, mais ouvre la porte à des règles métier complexes sans devoir tout coder à la main. L’important est de soigner la structure et la documentation pour ne pas se retrouver perdu quand viendra le moment de faire évoluer votre application.
Sécurité
Lorsqu’il s’agit de protéger vos données, Xano et Supabase optent pour des stratégies distinctes. Xano sécurise principalement les accès par le biais de ses endpoints : vous définissez qui peut appeler quel endpoint, et sous quelles conditions.
Cette approche permet de contrôler précisément l’exposition de vos données et de vos fonctionnalités API.
Supabase, de son côté, s’appuie sur les capacités intrinsèques de PostgreSQL avec la Row Level Security (RLS).
Concrètement, vous pouvez définir des politiques de sécurité directement sur les tables, afin que chaque utilisateur n’accède qu’aux données qui le concernent.
Cette granularité native en base de données apporte un niveau de contrôle très fin sans multiplier les règles côté API.
Par ailleurs, les deux plateformes répondent aux standards de sécurité les plus exigeants, avec notamment des certifications SOC 2 et HIPAA.
Autrement dit, elles ont mis en place des processus rigoureux pour protéger les informations sensibles et garantir la conformité réglementaire. Que vous développiez une application grand public ou un service B2B soumis à de fortes contraintes, ces garanties vous assurent un socle solide pour bâtir un projet en toute sérénité.
Pricing
Les deux plateformes proposent un plan gratuit qui permet de tester leurs fonctionnalités sans engagement. Vous pouvez ainsi démarrer avec un petit projet ou un proof of concept sans débourser un centime.
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Supabase
Son offre commence ensuite à 25 € par mois pour un plan dit « accessible ». À ce tarif, vous bénéficiez de ressources élargies (espace disque, trafic, etc.) et de fonctionnalités plus avancées. En théorie, vous pouvez aussi héberger Supabase vous-même sur votre propre serveur, puisqu’il s’agit d’une solution open source. En pratique, cela reste complexe, surtout si vous venez de l’univers no-code et que vous n’êtes pas familier avec les notions d’infrastructure. (Spoiler : je prévois de tester l’auto-hébergement de Supabase dans un prochain article.)
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Xano
L’offre payante la plus abordable se situe à 99 € par mois. Ce plan inclut une infrastructure dédiée et des fonctionnalités avancées, comme la possibilité de gérer plusieurs environnements ou d’augmenter la puissance de l’API. Contrairement à Supabase, Xano est propriétaire, donc l’option d’un hébergement sur vos propres serveurs n’est pas à l’ordre du jour.
Dans la plupart des cas, ces formules couvrent largement les besoins d’un projet en démarrage ou d’une startup en quête de validation. Il vous reste à peser le coût mensuel par rapport à la valeur ajoutée de ces fonctionnalités et au potentiel de croissance de votre application.